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mardi 23 août 2016 :: Permalien
Chronique parue dans le mensuel CQFD n°145 (juillet-août 2016).
Difficile de dresser ici une bibliographie exhaustive sur la révolution espagnole. Que lire ? Quelques ouvrages, qui véhiculent les espoirs et les désillusions des internationalistes engagés au côté du prolétariat espagnol.
La guerre civile, la révolution et contre-révolution en Espagne font l’objet d’une bibliographie abondante, tant les témoins directs ont eu à cœur de rendre compte de cet épisode décisif de l’histoire du XXe siècle. Un lecteur béotien, un peu perdu devant la profusion de titres, pourra se mettre en jambe avec le classique de George Orwell, Hommage à la Catalogne (1938, rééd. folio). L’écrivain britannique livre une chronique de son engagement au sein des brigades du POUM (Partido obrero de Unificacion Marxista), petit parti marxiste hétérodoxe, qui subit une brutale répression au printemps 1937, moment où il est déclaré illégal par le gouvernement Negrin sous la pression des staliniens. Il est toujours éclairant de se mettre dans les pas du futur auteur de 1984 et de la Ferme des animaux, qui arrive fin 1936 à Barcelone, dans une ville encore en pleine ébullition révolutionnaire, et repart en Angleterre, en juin 1937, blessé, tandis que la guerre dévore la révolution. Sans rien cacher de ses doutes, Orwell raconte l’expérience concrète du front, de la camaraderie, de la tentative de créer d’une société sans classes, des pénuries et du manque d’armement, mais aussi et surtout de la prise du contrôle politique par la Guépéou qui pourchasse les révolutionnaires. Ce témoignage influencera très nettement le film de Ken Loach, Land of freedom, sorti en 1994. Vu du côté anarchiste, le récit de Hanns-Erich Kaminski, Ceux de Barcelone, (1937, réédition Allia, 1986) retranscrit de façon saisissante l’atmosphère de ce « bref été de l’anarchie » de 1936 : « La vie est ici mille fois plus intense et cette suite rapide d’événements produit l’effet de piqûres de caféine. Comment pourrai-je vivre désormais dans des pays tranquilles, dans des temps tranquilles ? »
• Parmi les publications plus récentes, il faut citer le travail remarquable des éditions Milena et Libertalia, en 2015, avec la réédition de Ma Guerre d’Espagne à moi – Une femme à la tête d’une colonne au combat, de Mika Etchebéhère, accompagné d’un DVD-documentaire de Fito Pochat et Javier Olivera, sur le parcours de cette femme extraordinaire. Née en Argentine dans un milieu yiddish révolutionnaire, Mika part en Europe avec son compagnon Hippolyte Etchebéhère, marxiste antistalinien d’origine basque. Ils assistent en Allemagne à la « défaite du prolétariat allemand » – titre éponyme d’un livre publié aux éditions Spartacus – et à la prise du pouvoir par les nazis. Engagés en 1936 au sein d’une brigade d’internationalistes du POUM, Hyppolite meurt au début de la guerre et, malgré cette meurtrissure, Mika devient naturellement la capitaine de la colonne, une « femme d’acier » estimée de tous ses camarades. Concernant l’organisation des femmes espagnoles dans le mouvement anarchiste, on pourra se reporter au livre collectif Mujeres libres Des femmes libertaires en lutte (édition libertaires, 2000), bien qu’il soit actuellement épuisé ; ainsi qu’au film espagnol (inédit en France) Libertarias, réalisé par Vicente Aranda en 1996.
• Les souvenirs de Sygmunt Stein, parus en yiddish en 1938 et publiés en 2012 au Seuil, sous le titre Ma guerre d’Espagne, avec le sous-titre Brigades Internationales : la fin d’un mythe, évoquent la désillusion d’un communiste juif polonais engagé dans les Brigades. Sa chronique fustige de façon très appuyée le comportement des dirigeants staliniens des Brigades, incarnés notamment par le Français André Marty : corrompus, pervers, sanguinaires, voire racistes – n’hésitant pas à sacrifier à la mitraille franquiste en priorité les brigadistes juifs (la compagnie Botwin est quasi-intégralement décimée) ou Noirs américains de la Brigade Lincoln. Stein met aussi à mal l’imposture de l’aide militaire russe à la République espagnole : « Rome et Berlin fournissaient des avions et des chars, tandis que Moscou continuait à envoyer des commissaires de police, des surveillants de prison et des pelotons d’exécution ». Même la sacro-sainte icône Dolores Ibárruri Gómez, la Pasionaria, y est décrite comme une marionnette inculte et bigote aux mains de Moscou. Un livre rageur et désabusé, qui fait écrire à son préfacier, l’historien trotskyste Jean-Jacques Marie : « Sa déception est à la mesure de son enthousiasme initial, mais il ne sombre pas dans l’aigreur… Il exagère peut-être, mais ne fabule pas. »
• À la pointe des enquêteurs passionnés et autodidactes de la mémoire de la Guerre d’Espagne, le collectif des Giménologues s’échine depuis une dizaine d’années à reconstituer minutieusement le parcours d’Antoine Gimenez (1910-1982), né Bruno Salvadori, engagé italien au sein de la colonne Durruti. Aux souvenirs propres de Gimenez, Les Fils de la nuit, rédigés sans documentation entre 1974 et 1976, les Giménologues ont adjoint un impressionnant appareil critique, À la recherche des fils de la nuit, résultant de leurs recherches. Ce méticuleux jeu de recomposition quasi-archéologique vient d’être réédité, aux éditions Libertalia, dans un beau coffret cartonné comprenant deux volumes et agrémenté d’un CD avec dix heures de feuilleton radiophonique tiré de cette quête. Les mêmes Giménologues viennent de publier ¡A Zaragoza o al charco ! – Aragon 1936-1938, (L’Insomniaque éditeur), récits de protagonistes libertaires qui luttèrent pour la reprise de Saragosse, ville tombée entre les mains des franquistes dès le 19 juillet 1936. Le livre comprend un chapitre passionnant sur la violence révolutionnaire imputée aux anarchistes.
• Dans un registre plus strictement historique, les éditions Agone ont réédité, en 2014, La Guerre d’Espagne – Révolution et contre-révolution (1934-39), livre monumental de l’historien anglais Burnett Bolloten et qu’on peut considérer comme l’ouvrage le plus abouti et complet sur la question. Il pourra se lire en complément d’un autre opus de référence sur les origines sociales et politiques de la guerre civile, écrit par Gerald Brenan, Le Labyrinthe espagnol (éditions Ivréa). Bolloten, qui couvrait le conflit espagnol comme journaliste, est d’abord « très influencé par la propagande du PC », avant de prendre conscience que, face au courant révolutionnaire porté par les ouvriers et paysans, c’est le parti communiste qui va incarner à lui seul « tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie », c’est-à-dire la contre-révolution. Bolloten n’oublie pas de traiter de l’importance de l’expérience collectiviste, à laquelle assiste aussi le journaliste Gaston Leval, présent en Espagne dès 1934 aux côtés de la CNT. Leval livrera, dans Espagne libertaire 36-39, un témoignage factuel et enthousiaste du processus révolutionnaire : « Très vite, plus de 60 % des terres ont été cultivées sans patrons, ni propriétaires, sans “terratenientes”, sans administrateurs tout-puissants, sans que l’intérêt privé et la concurrence soient nécessaires pour stimuler les efforts et les initiatives ». Sur les oppositions entre les organisations politiques, y compris anarchistes, et le mouvement social, on peut lire avec grand intérêt Carlos Semprún Maura, Révolution et contre-révolution en Catalogne : socialistes, communistes, anarchistes et syndicalistes contre les collectivisations, (1974, rééd. les Nuits rouges, 2002).
• Signalons enfin la sortie aux éditions CNT-RP du petit livre La Collectivisation en Espagne – 1936 : une révolution autogestionnaire du collectif Rehdic, ainsi que la réédition de La Tragédie de l’Espagne, initialement paru en 1937, de l’historien et théoricien anarchiste Rudolf Rocker, plaidoyer à chaud pour la révolution mais qui se garde encore de faire la critique de la direction de la CNT-FAI dans sa stratégie « gouvernementaliste ».
Avec de telles barricadas de livres, No pasarán !
Mathieu Léonard
jeudi 21 juillet 2016 :: Permalien
Retour vers San Francisco. En route, petite étape par Berkeley, apaisé campus qui fut l’épicentre de la contestation dans l’après-68, puis arrêt à Oakland. C’est dans cette ville portuaire posée de l’autre côté de la baie qu’a grandi le Frisco Kid. Il y a beaucoup lu, écumant les rayons de la bibliothèque municipale, on l’y a allègrement exploité quand, tout jeune, il s’échinait dans une conserverie, il y a trouvé la matière de plusieurs de ses récits, relatant notamment son expérience de pilleur d’huîtres puis de flic dans la Fish Patrol au temps d’avant le Klondike (1897), où il ne passa qu’un an, mais dont il rapporta White Fang (Croc-Blanc), Call of the Wild (L’Appel de la forêt), To build a fire (Construire un feu) et tant d’autres célébrissimes textes.
Face à l’actuel port de plaisance, dans un décor résolument moderne et laid, se trouve le dernier stigmate de la ville prolétaire du XIXe siècle : un bistrot d’une quarantaine de mètres carrés, le First and Last Chance, le fameux « Cabaret de la dernière chance ». Le comptoir tangue dangereusement, le sol n’est plus plat depuis longtemps et, dans ce décor en bois, on se croirait sur un baleinier cher à Melville. Si l’auteur de Moby Dick n’y a jamais traîné ses guêtres, d’autres romanciers des grands espaces et de l’aventure y ont tombé quelques verres, notamment Ambrose Bierce et Robert Louis Stevenson.
John Barleycorn (1913) est le dernier grand récit de London, il y relate son long parcours d’alcoolique, de la première bière à l’âge de 5 ans aux dernières années au cours desquelles il n’arrivait plus à écrire ses mille mots quotidiens sans avaler quelques verres de whisky dès l’aube. Dans cet original roman de la déchéance, il cite à 17 reprises le First and Last Chance. C’est là qu’il apprit la convivialité, qu’il dilapida ses salaires, qu’il fut nommé « prince des pilleurs d’huîtres ». En ce lieu ouvert en 1883 sévissait Johnny Heinold, un tenancier capable de prodigalité qui aida l’auteur à reprendre ses études, lui avançant les frais de scolarité. En ce temps-là, le jeune John (dit « Jack ») frappait vite et fort, brûlait le dur (voir le récit The Road, « La Route ») et ne s’embarrassait pas de la bienséance.
On aurait pu croire que ce bistrot antique conservé au cœur d’un quartier entièrement reconstruit ferait figure de musée, surprise, il n’en est rien. On y vient boire une bière, un bourbon ou un verre de vin. Si le merlot est définitivement trop sucré, la bière ambrée vaut le détour. Et la clientèle locale n’a rien d’aseptisée : gueules cassées, tatoués et rockeuses, ou employés de bureau venant s’en jeter un après le boulot, on vient d’abord ici pour boire un coup. Mais le serveur ne manque pas de rappeler aux quelques curieux que London était familier des lieux, et qu’il y fit en quelque sorte ses classes puisqu’il y écrivit le synopsis de Call of the Wild et de The Sea Wolf (ne pas rater l’adaptation en BD, par Riff Reb’s, du Loup des mers !). Dans ce décor chaleureux, il est temps de réinventer le monde.
Nicolas Norrito
mercredi 20 juillet 2016 :: Permalien
À quelque 70 kilomètres au nord de San Francisco, dans le somptueux cadre naturel de la Sonoma, s’étendent des vignes à profusion. C’est ici que Jack London acheta un ranch en 1905 afin d’échapper à la pollution industrielle d’Oakland. Il y vivra peu ou prou les dix dernières années de son existence, y écrira certains de ses plus grands livres, s’y rêvera en gentleman farmer. Quand il s’y installe avec Charmian, sa deuxième femme, et sans ses filles, cela fait déjà plusieurs années qu’il vit confortablement de ses droits d’auteur. Ses récits sont presque systématiquement publiés dans la presse puis repris en volume ; il peut à l’occasion partir en reportage en Corée ou au Mexique ; tout dépend en réalité de la somme qu’on lui propose. Jack London vit fastueusement, dépense sans compter pour construire son bateau (le Snark) et pour agrandir le ranch de la vallée de la Lune. Rapidement, le socialiste révolutionnaire qui se présentait aux élections municipales d’Oakland de 1901 et 1905 pour le SLP laisse place à un grand propriétaire foncier employant jusqu’à 30 familles. London rédige des traités d’agriculture, fait bâtir pour ses cochons noirs un « Pig Palace » déconcertant de luxe, un grand silo moderne, un barrage pour faciliter l’irrigation, un lac d’agrément, un cottage pour accueillir ses nombreux invités ainsi qu’une maison de maître, sur plusieurs niveaux, comprenant notamment les quartiers et les couloirs réservés aux serviteurs asiatiques. Cette maison rêvée, la Wolf House, London et Charmian n’y vivront jamais puisqu’elle part en fumée en 1913 alors que les travaux s’achèvent. Il n’est pas interdit de penser qu’il s’agit d’un incendie volontaire destiné à châtier l’ancien fils du peuple ayant endossé les oripeaux de la bourgeoisie.
En visitant les lieux, on est frappé par la quiétude de la nature. Mais les photos accrochées au mur du musée érigé par Charmian en 1919 ne manquent pas de laisser un sentiment de malaise. Incontestablement, ce London des dernières années – ventripotent, alcoolique, raciste et sexiste – n’est plus le nôtre.
Nicolas Norrito
mardi 19 juillet 2016 :: Permalien
L’endroit est magnifique : verdoyant, ombragé, fleuri. Une des plus belles bibliothèques des États-Unis, à San Marino, dans un quartier huppé de Los Angeles, si près du désert. Le lieu a été créé par Henry Huntington (1850-1927), un magnat du rail. C’est ici, au Munger Research Center, qu’est entreposée la presque totalité des archives de Jack London : ses manuscrits, ses photos, les coupures de presse d’époque. L’accueil est enthousiaste, tout semble fait pour aider les chercheurs et les curieux. J’ai commandé plusieurs manuscrits, sans y croire vraiment. Deux nouvelles rééditées par Libertalia (A piece of steak ; South of the Slot) et surtout The Iron Heel et Martin Eden.
D’emblée je suis stupéfait. Je pensais consulter les microfilms et voici qu’on me livre les manuscrits rédigés par London himself, ainsi que ses notes, brouillons et les versions tapuscrites. Difficile d’y croire mais on consulte effectivement l’incipit de Martin Eden, et le texte intégral de cet exceptionnel récit autobiographique, ce chef-d’œuvre du patrimoine littéraire mondial ! Au hasard des pages, on lit les recommandations de Jack London à sa sœur Eliza, en charge de ses affaires, l’une des rares en qui il avait confiance ; ou ce mot probablement adressé à l’éditeur à propos d’une citation d’Alfred Tennyson : « mate, insert between title page and foreword. »
En quelques heures, je vérifie le manuscrit du Talon de fer, tout est en ordre. Il y a très peu de ratures, le chapitrage correspond à celui que les éditeurs successifs ont repris, dont le premier, MacMillan, en 1908 : « Le bras de Jackson », « La Commune de Chicago », « La grève générale »… Les colossales notes de bas de pages sont bien de la main de l’auteur et font partie intégrante du récit.
Sara S. Hodson, la conservatrice en charge des Jack London Papers depuis trente ans, passe me saluer et m’autorise à reproduire les clichés pris au cours de cette journée. Je lui promets d’envoyer le livre à publication.
Nicolas Norrito
lundi 18 juillet 2016 :: Permalien
On ne se remet jamais tout à fait de ses lectures d’adolescent et de jeune adulte. Il est ainsi un certain nombre de romanciers qui me hantent depuis vingt ans et que je porte dans mon cœur, que je relis parfois, que j’analyse à l’aune de ma propre vie qui s’efface. Parmi ceux-là, il y a d’abord Camus et Genet, mais également Albert Cohen, Romain Gary, René Char. On pourrait ajouter Breton, Rimbaud, le premier Malraux, Maïakovski, Hemingway. Il s’agit d’hommes dans la quasi-totalité des cas – je le déplore –, à l’exception notable de Marguerite Duras, dont j’ai avalé toute l’œuvre mais que je n’ai jamais relue. Et peut-être de Carson McCullers, qui a subi le même traitement. À cette galerie de poilus, il faut ajouter Jack London. À quel âge ai-je lu ses récits du Grand Nord ? Je ne m’en souviens plus, mais très jeune.
Ces écrivains-ci, j’ai souvent suivi leurs traces. À Lourmarin et à Tipaza (Camus) ; à Larache, au Maroc, sur la tombe de Genet ; dans la vieille ville de Shanghai ou à Banteay Srei (Cambodge) pour retrouver le souffle de La Voie royale, des Conquérants et de La Condition humaine ; à deux pas de La Havane, dans le refuge du vieil ours qui écrivit The Sun also Rises (Le Soleil se lève aussi). Il manque encore le Harrar de Rimbaud et les Samoa pour Stevenson, ce temps viendra.
Jack London est mort il y a cent ans, en novembre 1916, il avait tout juste 40 ans. Mon âge. Relisant le credo qu’on lui attribue si souvent, et bien que sensible à la geste romantique, je ne suis plus aussi certain de le suivre : « J’aimerais mieux être cendres que poussière. J’aimerais mieux que mon étincelle brûle avec une brillante flamme, plutôt qu’elle soit étouffée par la sècheresse de la pourriture. J’aimerais mieux être un météore superbe et que chacun de mes atomes brille dans une magnifique incandescence, plutôt que sous la forme d’une planète endormie. La fonction de l’homme est de vivre et non d’exister. Je ne perdrai pas mes jours à essayer de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps. » [1] Pour autant, je n’ai jamais cessé, en dépit de ses contradictions patentes, d’aimer cet auteur, aussi ai-je décidé, à l’occasion de la retraduction du Talon de fer par Libertalia, de chausser mes bottes de 2 000 lieues et de partir sur ses traces. Récit décousu, rédigé à chaud, durant le vol retour. Hit the road, Jack !
Nicolas Norrito
[1] Traduction de Jennifer Lesieur dans la belle biographie qu’elle a consacrée à London, publiée en poche chez Phébus. Texte original : « I would rather be ashes than dust ! I would rather that my spark should burn out in a brilliant blaze than it should be stifled by dry rot. I would rather be a superb meteor, every atom of me in magnificent glow, than a sleepy and permanent planet. The proper function of man is to live, not to exist. I shall not waste my days in trying to prolong them. I shall use my time. »