Le blog des éditions Libertalia

Sur l’enseignement de l’histoire dans L’US Mag

vendredi 4 janvier 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans L’US Mag du 24 novembre 2018.

ENSEIGNER L’HISTOIRE ?

Les projets de nouveaux programmes d’histoire en lycée révèlent une vision passéiste de l’enseignement et un retour au vieux « roman national ». Le livre de Laurence de Cock est véritablement salvateur. Elle offre un panorama solide des programmes de la fin du XIXe siècle à nos jours, et une histoire par « en bas ». Sur l’enseignement de l’Histoire restitue en effet la parole aux véritables acteurs de l’histoire scolaire : les enseignants et les élèves. Ainsi, en observant au plus près les pratiques et les routines de l’enseignement de l’histoire, L. de Cock montre que « loin des braises idéologiques sur lesquelles se plaisent à souffler quelques cracheurs de feu professionnels » l’histoire s’enseigne selon « des temporalités très éloignées des calendriers médiatiques et de la valse des scandales ». Un message d’espoir et de résistance.

S.R.

Super-héros, une histoire politique dans Le Monde des livres

vendredi 21 décembre 2018 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Super-héros, une histoire politique dans Le Monde des livres (21 décembre 2018).

Super-antifas !

En 1941, le premier numéro de Captain America Comics donnait à voir, sur sa couverture, le fameux héros assénant à Adolf Hitler un efficace crochet du droit. Partant de ce télescopage entre un justicier à cotte de maille et un tyran contemporain, qui fait craindre un retour totalitaire aux « temps obscurs », le médiévaliste William Blanc traverse l’histoire des superhéros pour en éclairer non seulement la mémoire chevaleresque, mais surtout la charge utopique et émancipatrice. Car les auteurs de comics, souvent issus de milieux modestes, ont confié à leurs personnages une mission politique : lutter contre l’avènement de la barbarie et préserver, malgré tout, l’idée que le meilleur reste à venir. Captain America face au nazisme, Iron Man contre les fauteurs de guerre, Wonder Woman brisant l’oppression sexiste : page après page, cet essai savant et sensible, richement illustré, vous fera relire vos vieux numéros de Strange ou de Titan d’un œil différent, avec l’exaltation émue qui accompagne toute plongée dans les archives de la révolte et de l’espérance.

Jean Birnbaum

Super-héros, une histoire politique sur BDzoom.com

mercredi 21 novembre 2018 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur Bdzoom.com, 18 octobre 2018

Ce sont les éditions Libertalia, spécialisées dans l’Histoire, qui accueillent ce nouvel essai d’un auteur déjà à leur catalogue avec « Charles Martel et la bataille de Poitiers » (cosigné avec Christophe Naudin) et « Le Roi Arthur ». 
Sur plus de 340 pages et au long de dix-huit chapitres chronologiques, établis par ordre d’apparition des super-héros, William Blanc choisit d’étudier les relations qu’entretiennent ces différentes figures mythiques avec la politique. Pour cela, et après un chapitre introductif, il choisit ceux qu’ils jugeaient, dans un premier temps en tous cas, les plus pertinents  [1].
Sont traités : Superman, Batman, Wonder Woman, Captain America, Namor, L’Escadron suprême, Black Panther, Luke Cage, Green Arrow, Red Sonja, Howard The Duck, The Punisher, Iron Man, et Logan, en intercalant cela dit, au milieu du livre, un chapitre sur leur évolution au mitan des années soixante, un autre sur le baseball dans les comics, et enfin, un dernier sur le mouvement LGBTQ.

L’intérêt principal de ce nouvel ouvrage réside dans le traitement historique qu’apporte l’auteur, en situant les super-héros dans leur contexte de création tout en les confrontant à leur image moderne. Le ton employé et à la fois celui d’un connaisseur amateur, capable de citer des épisodes récents de comics, tout comme ceux de séries TV, et d’un universitaire. Les références médiévales, cinématographiques et romanesques fusent donc, et c’est un bonheur. Le rythme d’une suite de chapitres d’environ vingt pages chacun, bien étayés, est fluide, d’autant plus que ceux-ci sont aussi pertinemment illustrés, grâce à des cahiers en noir et blanc abondamment légendés, accompagnés d’un autre, central et en couleur, de 32 pages.

Si Xavier Fournier signe la préface et est cité dans la bibliographie, cela ne surprend pas, tant on peut associer l’érudition et surtout le style précis des deux auteurs sur le sujet. D’ailleurs, j’ajouterais que l’ouvrage de William Blanc est un pendant quasi incontournable et complémentaire à « Comics en guerre : la bande dessinée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale » (Xavier Fournier, chez Histoire et Collections, 2016), chacun d’eux apportant en effet une lecture informative et précise sur l’univers des super-héros et de leurs auteurs.
Un livre format poche absolument réjouissant, très instructif, et surtout écrit de manière très lisible, qui ravira autant les amateurs éclairés que les novices.

Franck GUIGUE

[1William Blanc, dans son introduction, s’excuse de ne pas avoir traité certains super-héros et laisse planer la possibilité de l’écriture d’un second volume.

Super-héros, une histoire politique sur Clionautes

mercredi 21 novembre 2018 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur Clionautes, 3 novembre 2018.

William Blanc, historien médiéviste et spécialiste des cultures populaires, consacre cet ouvrage à, entre autres, Superman, Captain America ou Wonder Woman. Ce livre comprend plus de 150 illustrations dont un cahier central en couleur et on apprécie ainsi les nombreuses reproductions jointes à l’issue de chaque chapitre. Chaque chapitre commence par une petite notice qui permet de situer le super-héros concerné et l’angle de l’approche. Signalons également un index en fin d’ouvrage.

Des super-héros à lier à leur époque
L’auteur propose donc dix-huit éclairages sur les super-héros dont les histoires peuvent être rapprochées et comparées à des contes et légendes modernes. Ces super-héros sont plus que de simples personnages de bande dessinée et sont à comprendre dans le contexte. On mesure combien un super-héros doit être compris et inséré dans son époque à travers l’exemple de Captain America. Ainsi, ce n’est pas un hasard si ce super-héros est particulièrement présent dans les années 60, moment plusieurs fois tragique pour les Etats-Unis. En effet, depuis les années 40, Captain America symbolise l’unité du pays et véhicule toujours le même genre de message de cohésion. A plusieurs reprises, l’auteur évoque le Comics Code de 1954, sorte de Bible de ce qui est possible ou non pour un super-héros. L’accent est par exemple fortement mis sur une sexualité normative.

Les super-héros les plus célèbres
Savez-vous que Superman a 80 ans ? Du moins est-il apparu pour la première fois en 1938. S’il a du succès, c’est parce qu’il a « incarné d’emblée pour nombre de lecteurs l’idée selon laquelle leur pays a déjà un pied dans le futur tant sur les plans politique que technologique ». Un autre chapitre est consacré à Batman qui évolue dans un décor qui ressemble beaucoup au Moyen Age. William Blanc souligne à son propos sa plasticité car il a été capable de s’adapter à d’autres époques que celle de sa création et ainsi de survivre. L’auteur enchaîne ensuite avec Wonder Woman qui, historiquement, combattit les agents du IIIe Reich armée de son lasso magique et de ses bracelets d’or. William Blanc explique une partie de son succès par le fait qu’elle apparaît dans un moment favorable aux femmes. Son image a ensuite profondément changé, surtout si l’on pense à son incarnation télévisée des années 70, marquée par une forte charge érotique. Elle n’est pas la seule figure féminine puisqu’il y eut aussi Red Sonja la vierge rousse qui ne connut pas le même succès. William Blanc consacre également un chapitre à Iron Man qui a construit des systèmes de combat. Il incarne, à sa façon, cette figure d’entrepreneur devenue un lieu commun aux Etats-Unis.

Une grande famille
A partir du chapitre 6, William Blanc présente des super-héros souvent moins connus mais tout autant intéressants. Namor a un aspect ambigu et il peut être considéré comme le « premier antihéros des comics ». Inspiré de la culture gréco-romaine, il affiche également une fibre écologiste avant l’heure. On découvre ensuite Black Panther, le premier super-héros noir des comics, toujours populaire comme en témoigne le film sorti cette année sur les écrans. Il y eut aussi des super-héros très différents comme Howard the Duck, le canard qui alla même jusqu’à se présenter à l’élection présidentielle américaine ! William Blanc aborde la question de la sexualité des super-héros. Il montre que, très tôt, il y eut des messages cryptés comme entre Batman et Robin. Il faut pourtant attendre 2002 pour voir l’union de deux super-héros de même sexe.

Super-héros et histoire
Tous les super-héros ne naissent pas de rien et s’inspirent soit des discours progressistes du XIXe, soit de la culture populaire de la même époque. La filiation est parfois plus lointaine avec des références à Jeanne d’Arc. Comme au temps de la Table ronde, les super-héros ont tendance à se présenter groupés. « La Table ronde devient la métaphore du melting-pot progressiste et de la démocratie américaine. » Ils ont également une forte propension à joueur au base-ball. On sent ici l’influence d’une époque car, comme le rappelle l’auteur, « la plupart des auteurs vivaient à New York, ville qui accueillait pas moins de trois équipes professionnelles majeures ». Mais le base-ball est aussi une manière d’incarner un bel autrefois idéalisé.

Dans sa conclusion, William Blanc rappelle que « chaque génération de surhumains a été confrontée à des questions politiques nouvelles. Superman a réfléchi à la condition prométhéenne moderne, Captain America a combattu le fascisme avant l’entrée en guerre des Etats-Unis… Namor a défendu les océans et le tiers-monde ».
Ce tour d’horizon se révèle à la fois très plaisant à lire, très varié et très instructif. William Blanc n’en est qu’au début de son projet puisqu’il annonce un autre ouvrage à venir sur les super-héros.

Jean-Pierre Costille

Sur l’enseignement de l’histoire dans Vingtième Siècle

mercredi 21 novembre 2018 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2018/4, n° 140.

Le livre que vient de signer, d’une plume leste et toujours efficace, Laurence de Cock répond à un besoin : insérer dans le temps long les débats sur l’enseignement de l’histoire qui agitent régulièrement la France depuis les années 1980. Elle le fait en alliant érudition et conviction et en essayant de produire une histoire « vue d’en bas » qui laisse place, autant que les sources le permettent, au point de vue des acteurs et à leurs pratiques, sans réduire l’étude aux variations des intitulés des programmes.
L’auteure dresse tout d’abord un portrait de l’enseignement de l’histoire en France du 19e siècle à 1945 en s’appuyant sur les études disponibles et sur les écrits de ceux qui, parmi les contemporains, se sont intéressés aux pratiques enseignantes. Elle s’inscrit notamment en faux contre le mythe d’un enseignement performant propre à susciter la nostalgie d’un temps où celui-ci aurait su produire du français. Elle montre comment, dès ce moment, se construisent des « routines scolaires » que les réformateurs n’ont de cesse de dénoncer pour tâcher de le rendre plus efficace. Il n’y a jamais eu d’âge d’or sinon dans le regard rétrospectif. Puis elle étudie, au fil de deux chapitres, la période qui va de 1945 au début des années 2000. Elle montre les tentatives de rupture, en recourant notamment au document, avec une discipline caractérisée par la place accordée à la mémorisation. Elle contextualise la notion de « discipline d’éveil » et en rappelle les attendus fort éloignés de la caricature qui en est souvent faite aujourd’hui et insiste à bon droit sur les polémiques des années 1980 qui dessinent et structurent les suivantes. Historienne de l’enseignement, elle replace celles-ci dans le double contexte d’une montée des demandes sociales et d’une médiatisation croissante de l’histoire. Elle s’intéresse ensuite aux débats des années 2000 dont elle a été une actrice à travers ses prises de position et l’association qu’elle a impulsée : Aggiornamento. Elle s’acquitte de cette tâche avec efficacité en historicisant sa propre expérience comme en prenant appui sur les enquêtes de terrain conduites ces vingt dernières années. Ainsi les pages qu’elle consacre à l’objet « manuel » devraient-elles être lues par toute personne qui entend utiliser cet objet pour nourrir un discours sur ce qui est enseigné à l’école.
Enfin, elle esquisse – mais cette fois au nom d’un locuteur collectif – un ensemble de propositions pour renouveler l’enseignement de l’histoire. Parmi ces propositions retenons-en une qui nous paraît essentielle : l’enseignement est un acte de confiance envers les enseignants comme envers les élèves et la production de programmes de plus en plus détaillés sans véritables espaces de choix va à l’encontre de cette nécessaire confiance. L’enseignement de l’histoire ne peut être un inventaire destiné à satisfaire tous les secteurs de l’opinion (même composée d’académiciens), c’est un chemin dont la finalité est de nourrir une intelligence critique dans un contexte concret : celui d’une classe donnée.
La lecture de ce livre est donc à recommander à tous ceux qui s’intéressent à l’enseignement de l’histoire pour en connaître l’histoire comme pour sortir de la répétition de polémiques stériles et avoir enfin le débat que cet enseignement mérite.

Patrick Garcia