Éditions Libertalia
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vendredi 8 mars 2019 :: Permalien
Valérie Rey-Robert participait à l’émission Terriennes du 8 mars 2019 sur TV5MONDE :
www.youtube.com/watch ?v= R89RR5NsTqQ
vendredi 8 mars 2019 :: Permalien
Paru sur le site Cheek Magazine, mars 2018.
La fin de l’hiver s’annonce riche en sorties. Si les jours de froid reviennent, vous pourrez les passer sous la couette avec des essais réconciliant toutes les générations de féministes. Des pionnières à la seconde vague (Betty Friedan et Gloria Steinem) aux féministes intersectionnelles (Valérie Rey-Robert, Réjane Sénac et Françoise Vergès) en passant par une voix qui s’élève contre les thérapies de conversion, il y a de quoi étendre son horizon.
Une culture du viol à la française , de Valérie Rey-Robert
Ça raconte quoi ? Dans son premier essai, la brillante blogueuse féministe Crêpe Georgette décrypte l’histoire de la culture du viol dans la société contemporaine. De l’origine du terme « rape culture » dans les années 70 aux États-Unis aux affaires DSK et Weinstein, elle explique la manière dont la parole des victimes de violences sexuelles a été tue.
Pourquoi on le recommande ? Le blog de Valérie Rey-Robert a, au fil des années, permis à de nombreuses féministes en herbe de faire leur éducation. Dans son essai, elle continue sur cette voie en réalisant un travail extrêmement complet sur la culture du viol. En s’appuyant sur des chiffres, des affaires judiciaires et des exemples issus de la pop culture (comme les tristement célèbres scènes de Game of Thrones), elle montre la manière dont la société a inventé la figure du violeur tapi dans l’ombre d’une ruelle, faussant totalement la réalité des agressions sexuelles. L’essai analyse aussi des événements récents comme le traitement raciste des agressions sexuelles de Cologne en 2016, l’image du séducteur véhiculée par les médias après l’affaire DSK ou encore le mouvement #MeToo et la peur très française d’une « chasse aux sorcières ». Le féminisme de Valérie Rey-Robert est résolument intersectionnel et elle n’oublie jamais d’analyser les biais racistes ou classistes de cette culture. Dans la dernière partie de son essai, elle propose une analyse très actuelle et passionnante de « la culture du viol “à la française” qui tendrait à prendre des actes qui sont des violences sexuelles pour des faits culturels typiquement français ». Elle arrive même à glisser, au milieu d’histoires toutes plus désespérantes les unes que les autres, quelques notes d’humour. Et une fin pleine d’espoir.
mercredi 6 mars 2019 :: Permalien
« Procès Baupin, “ Ligue du Lol ”, agressions sexuelles chez les jeunes communistes : le premier livre de Valérie Rey-Robert, Une culture du viol à la française, du troussage de domestique à la liberté d’importuner, paraît dans un contexte très chargé. Radio Parleur a rencontré cette militante féministe, connue pour son blog Crêpe Georgette. » (5 mars 2019)
radioparleur.net/2019/03/05/valerie-rey-robert-viol-livre/
mardi 5 mars 2019 :: Permalien
Dominique Vidal était l’invité de la Midinale de Regards du 5 mars 2019 autour de la question « antisionisme = antisémitisme ? » :
www.youtube.com/watch ?v=FWgbnKl8Bnk
samedi 2 mars 2019 :: Permalien
Publié sur le blog « Des livres rances », 2 mars 2019.
Le temps de me recoiffer et je suis à vous. En effet, ce livre de l’auteure algérienne Sarah Haidar est une tempête sur (et sous) le crâne. Début des hostilités avec cet avertissement « À la littérature, sublime salope sans scrupules ». Cet ovni littéraire est une polyphonie de monologues poétiques et violents. Une auteure publique, noire, alcoolique, « nègre » d’écrivains en mal d’inspiration conte ses blessures par allusions, hallucinations. Un employeur surnommé Chrysanthème, puis une rencontre avec un homme, pédophile et assassin d’enfants. Séquence dégoût total.
Puis tout un peuple va faire écho à l’auteure publique, va prendre la parole, divination de la littérature, son poids, son influence, son pouvoir. Prendre le train en marche : « Je n’ai pas assisté à mon enfance », dans les bas-fonds infestés de rats, araignées, mites et autres cafards. Récit halluciné, violence encore, impitoyable. Sans l’écriture nous ne sommes rien. Avec elle, elle seule survivra, et encore. Le couple symbole du nihilisme : « La rencontre entre un homme et une femme se fait toujours dans la violence car elle n’est rien d’autre qu’une intrusion intolérable dans l’univers de l’autre, une atteinte à sa solitude, un viol, une humiliation. C’est sans doute pour cela qu’il me faut à présent vivre avec lui quelques minutes de rejet, une possibilité de recul, trouver le moyen d’anéantir ce festival de délicieux cauchemars que me font miroiter ses yeux et son rictus. Je suis, comme lui, au seuil de l’enfer ; nous hésitons ensemble à y accéder tout en sachant que ne pas le faire nous ferait retomber dans la même linéarité insupportable. »
Certains moments sont rudes, insoutenables, la torture d’enfants, par tous les bords, de toutes les manières. Oui mais l’auteure publique a publié un livre sur la pédophilie, les lecteurs s’en sont imprégnés, se sont pris au jeu. La limite du supportable n’existe plus. Les barrières sautent, dynamitage du seuil de tolérance.
Ce texte est d’une agressivité sans nom. Un extrait le résume bien mieux que je ne pourrais : « Des créatures improbables venaient peupler le visage d’une nouvelle vie, de la dégénérescence minable d’un texte provisoire. Avec elle, l’écriture était affranchie de ses lâches virgules et de ses minables suspensions car elle venait de découvrir son essence inconditionnelle : jamais de début ni de fin mais un éternel tournoiement autour du néant de riens et vérités fatales ».
Lucidité, voire inquiétude de l’auteure qui, dans un dialogue entre l’auteure publique du récit et son éditeur, imagine ceci :
« – Les textes ne vous plaisent-ils pas ?
– Pour qu’ils me plaisent, faudrait d’abord que je les comprenne ! Or, ce que vous m’avez balancé, ce n’est rien d’autre qu’un amas de charabia qui n’a du français que l’alphabet, et encore ! Qui va vous lire des immondices pareilles ? Vous étiez sous-effet quand vous les avez écrits ?
– À vrai dire, je n’en suis pas l’auteur ; je les ai trouvés dans un cimetière. »
Sarah Haidar, féministe libertaire, est comparée à Lautréamont, mais il n’est pas interdit de penser au marquis de Sade, voire plus près de nous à Marcel Moreau ou à certains textes sulfureux de Jacques Chessex.
Qu’on ne s’y trompe pas : derrière ces enchevêtrements d’images terrifiantes dans un univers presque gothique, c’est bien un hommage appuyé à la littérature dont il est ici question. Les mots claquent, errants abandonnés, orphelins, sans but. L’écriture y est très exigeante. C’est aussi une ode à la Terre, Dame souillée par l’humain et par ses dieux destructeurs. Une lecture qui laisse K.O., roman poésie (ou récit halluciné) écrit en 2013 et sorti fin 2018 en France chez les immanquables Éditions Libertalia.