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Plus vivants que jamais dans Le Combat syndicaliste

vendredi 6 juillet 2018 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans Le Combat syndicaliste, avril 2018.

Émeutes, émotions, émancipation :
Plus vivants que jamais

Témoignage à chaud de quelques semaines des mois de mai et juin 1968 parisiens, certes, mais Plus vivants que jamais est aussi plus que ça. Les occupations, les barricades, les flics, le Quartier latin, les camarades, la course, l’urgence, les médias, De Gaulle, Cohn-Bendit, les espoirs et les trahisons, le PC, la CGT, les maos, les trotskos, les CAL, etc., mais aussi de la lucidité : « Peu à peu les choses nous échappent. Nous avons donné le coup d’envoi et, comme il est naturel, comme nous l’espérions, la classe ouvrière prend le relais. Un relais autrement dangereux pour le régime. » Et puis au détour d’un récit haletant, presque par hasard, on trouve des « c’est fou ce qu’on apprend la vie, ces temps-ci ». Quand on a vingt ans et qu’on vit un mouvement social comme ça, forcément, ça aide, ça pose. L’alors ex-étudiant et futur poète éclatant Pierre Peuchmaurd raconte sans fard l’intensité de ces journées : phrases courtes et percutantes, poésie émeutière, pour l’essentiel, mais aussi quelque part description d’un rite de passage vers ce qu’il nomme « maturité ». Tout a changé, pendant ce mouvement, les gamins qu’ils étaient comprennent qu’on ne joue plus. « Nous nous sommes retrouvés » – avec eux-mêmes, en eux-mêmes. Mai 68 n’était pas que la révolte adolescente contre le père, loin s’en faut, mais ce n’était pas non plus un mouvement social et politique abstrait sans aucune incidence psychologique sur et de la part des gens de l’époque, et plus encore ceux qui y ont directement participé. Plus vivants que jamais illustre parfaitement le fait que la lutte permet aussi de gagner quelque chose pour soi, et ça c’est incommensurable.

Bastien SIPMCS