Le blog des éditions Libertalia

Les Historiens de garde, dans Le Combat syndicaliste

jeudi 5 janvier 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Le Combat syndicaliste de décembre 2016.

Historiens en croisade

Valls, Sarko, Fillon récemment, rameutant Marianne sans voile, les ancêtres les Gaulois, le « récit national » dans les programmes scolaires : le mythe du roman national est de retour en force. Le comédien monarchiste Lorànt Deutsch, auteur du best seller Métronome traitant de l’histoire de Paris, en est un des fers de lance du moment. Adulé par les médias, il déroule une vision qui relève souvent du storytelling plus qu’ethnocentré, polarisé sur la France même quand l’entité n’existe pas. Une soupe trafiquée d’histoire patriotique qui tend à faire croire que la nation est le fil conducteur, héritée de l’épopée des rois qu’il faut présenter comme un temps d’harmonie sociale, en gommant soigneusement l’oppression. L’apologie de la monarchie induit à l’inverse que la Révolution française soit honnie comme rupture vis-à-vis des racines chrétiennes profondes de notre blanche civilisation. Les Identitaires, les Villiéristes, et plus largement l’extrême droite en font leur miel. Aussi peu fiable que les péplums hollywoodiens, ce baratin brandi par les personnages politiques de droite avec l’aval des socio-libéraux surfe sur un discours d’historiens approximatifs, où figure Patrick Buisson l’ancien directeur de Minute, et directeur de la chaîne Histoire. Buisson et Deutsch ont collaboré à la publication du Paris de Céline passant rapidement sur l’antisémitisme haineux de l’auteur de Bagatelle pour un massacre. Le paysage n’oublie pas des stars de la tchatche sur écran, Franck Ferrand, Éric Zemmour, Michel Onfray… Les films de Sacha Guitry, le spectacle du Puy du Fou et son parc d’attraction relèvent de ce même mélange entre faits d’histoire tordue et fiction servant une vision orientée, courant brun noyant l’histoire de France. Le bouquin retient aussi d’autres tripatouilleurs de mémoire et d’histoire, Jacques Bainville, Alain Decaux et autres auteurs oublieux de la méthode des vrais historiens, de droite, de gauche, universitaires ou pas, pour qui les sources doivent être interrogées avec rigueur. Le livre produits quelques réfutations très étayées des inventions de Lorànt Deutsch. Autant de rappels de ce qu’est le vrai travail d’historiens, attentifs à leurs sources.

Nicolas, Interco Nantes