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La Révolution communaliste dans Marianne

mercredi 18 mars 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Marianne, le 13 mars 2020.

Révolution municipaliste ?

Cofondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan est aujourd’hui connu pour être l’un des principaux théoriciens du « confédéralisme démocratique ». Alors qu’il est emprisonné depuis 1999, et à perpétuité, par l’État turc, il s’intéresse aux travaux de Murray Bookchin, père du « municipalisme libertaire », et entreprend de faire évoluer son organisation, alors marxiste-léniniste. La Révolution communaliste (Libertalia) regroupe différents textes du théoricien kurde sur la question. Öcalan a une intuition : loin d’être son ennemi, l’État-nation est le meilleur allié du capitalisme et le complice de diverses oppressions. Pour lui, la révolution doit d’abord être démocratique. « Tandis que l’État-nation est en contradiction avec la démocratie directe, qu’il ignore, le confédéralisme démocratique est la forme de constitution de la démocratie directe, qui y devient fonctionnelle. Tout comme l’État-nation opprime et homogénéise la société, tout en éloignant de la démocratie, le modèle du confédéralisme démocratique la libère, la diversifie et la démocratise », écrit-il. Pour donner directement le pouvoir au peuple, une autre organisation est indispensable, d’après Öcalan. Il faut que les décisions politiques soient prises au niveau communal. Les communes autogérées se rassemblent alors dans une confédération. Il ne s’agit pas néanmoins d’une négation de la nation, mais d’une démocratisation de celle-ci. Öcalan explique : « Dans les nations étatiques, le nationalisme aspire à forger une mentalité commune ; dans la nation démocratique, chacun prend conscience de ce que sont la liberté et la solidarité. » Des principes qu’ont tenté de mettre en place les Kurdes au Rojava, avec un succès mitigé.

K. & V.