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L’École des barricades dans Les Cahiers pédagogiques

vendredi 28 novembre 2014 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Chronique de L’École des barricades par Les Cahiers pédagogiques (septembre 2014).

Nous sommes parfois consternés par les positions pédagogiques défendues par des groupes et partis de la « gauche de la gauche », leur condamnation d’une pédagogie active plus axée vers la construction de compétences que vers une ingurgitation de savoirs, le peu de contestation chez eux de « l’école républicaine » et des pratiques enseignantes dominantes. Aussi cela fait-il du bien de constater que certains, et notamment au sein du collectif libertaire «  Nautre École  », ne s’engagent pas dans ces désastreuses positions et englobent l’école parmi les institutions qu’il faut obligatoirement questionner, au nom de la contestation de l’ordre social dont fait partie « l’ordre scolaire ». Et les mêmes se revendiquent d’un long héritage dont on peut avoir un aperçu finalement assez éclectique dans cette anthologie commentée par Grégory Chambat, sous un titre incisif : l’école alternative naîtrait-elle des « barricades », qu’elles soient ou non symboliques ?
Il est intéressant donc de retrouver ici des textes, même sous forme brève et parfois difficile à bien distinguer du commentaire qui en est fait, d’une tradition qui allie changement social et changement pédagogique, de Bakounine à Freinet, en passant par Albert Thierry ou Korczak. Et à partir du chapitre  XVII, on se rapproche de l’actualité, avec notamment un passage bienvenu sur l’école des « réac-républicains » que pourfend à juste titre l’auteur et des auteurs qui n’ont sans doute pas le même statut que ceux de la première partie, comme Laurent Ott ou Charlotte Nordmann – qui pose la très pertinente question : « Peut-on défendre l’école sans la critiquer ? » On peut ne pas partager (et c’est notre cas) un certain nombre d’options d’un courant finalement bien hétérogène (et il y aurait à s’interroger sur la contestation de « l’autorité » en tant que telle, sur le sens de la « désobéissance »), mais on se retrouve dès lors qu’il s’agit dans sa pratique d’« appréhender l’élève non plus comme un consommateur, mais comme un producteur de savoir : non pas le spectateur, ni même l’acteur, mais bien l’auteur de ses apprentissages ».
Un ouvrage utile donc, des textes à discuter. Et une citation pour donner envie d’y aller voir :


« Il faut nous réformer nous-mêmes d’abord, en évitant que, révolutionnaires hors de la classe, nous soyons d’autoritaires réactionnaires avec nos élèves » (Célestin Freinet, page 119.)

Jean-Michel Zakhartchouk