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L’Abolition de la prison dans Le Monde libertaire

mercredi 11 décembre 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Le Monde libertaire.

Les bonnes raisons de lire le dernier livre de Jacques Lesage de La Haye L’Abolition de la prison sont multiples. Il en est pourtant une que je tiens personnellement pour majeure. Elle contribue à nous déniaiser, à nous libérer des lieux communs, des idées préconçues et du lavage de cerveaux savamment organisé par celles et ceux qui s’y entendent à merveille pour gouverner les esprits. Donc, au passage, pour empêcher de réfléchir sereinement et sans a priori aux conditions de vie d’une grande partie des citoyens et, notamment, des citoyens incarcérés dans les geôles républicaines françaises, incessamment dénoncées par l’Union Européenne pour les conditions de détention qui avoisinent encore trop souvent celles que l’on rencontre le plus souvent dans des pays aux convictions humanitaires pour le moins douteuses.

Si encore la prison se montrait efficace en matière d’éradication de la délinquance et de la criminalité, nous pourrions peut-être, en fermant les yeux (au prix d’une entorse à l’humanité la plus élémentaire) lui dénicher finalement une dimension sociale favorable à la vie en collectivité. Hélas pour la collectivité et l’apaisement des conflits d’intérêt entre les individus, qui se révèlent le plus souvent à l’origine des actes délictueux, il n’en est strictement rien. Et Jacques Lesage de La Haye s’attelle avec la sagesse et l’intelligence d’un homme qui connaît ce sujet par cœur, ne serait-ce que pour avoir lui-même goûté aux cachots de la République et pour animer depuis plusieurs années une émission anti-carcérale hebdomadaires Ras les Murs tous les mercredi soir sur Radio Libertaire (89.4 FM).

Cette expérience humaine lui permet de nous éclairer avec intelligence sur les véritables raisons d’être en prison. Pas plus que les galères, la roue, le bagne, voire la guillotine, la prison n’aboutit aux effets escomptés par celles et ceux qui songent, bien au contraire, à en augmenter sempiternellement le nombre, quitte à continuer à tromper les citoyens abusés par une rhétorique répressive et illusoire, que Jacques Lesage de La Haye dénonce avec la justesse et la liberté de ton qui conviennent à de tels errements sociaux.

En fait, l’aberrante et inutile politique carcérale dénoncée avec détermination par l’auteur rappelle en de nombreux points la devise ô combien stupide (certainement concoctée par des individus tout aussi inconséquents que les tenants du tout carcéral). À savoir : « si nous voulons la paix, il faut préparer la guerre. » Résultat, nous n’avons jamais cessé de faire autant la guerre. Construisons donc de plus en plus de prisons et nous aurons de plus en plus de détenus.

À tout dire, il serait souhaitable et fructueux pour la société que les responsables de notre étrange République éprouvent au plus vite le besoin de s’inspirer de cet ouvrage salutaire à plus d’un titre.

Lisez donc ce livre. Il ne vaut pas très cher mais il vaut le coup !

Serge Livrozet