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Interview de Nuclear Device dans Ouest-France

jeudi 12 novembre 2015 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans Ouest-France (2 octobre 2015).

45 révolutions par minute raconte l’histoire de Nuclear Device, formé entre 1982 et 1989. Le livre-CD sort jeudi. Rencontre avec trois ex du groupe : Pascal, Chris et Chema.

Pourquoi ce livre aujourd’hui sur Nuclear Device, groupe qui n’existe plus depuis vingt-six ans et qui ne s’est jamais reformé ?
À l’origine, on nous a proposé de sortir une compilation de nos meilleurs morceaux. Nous étions d’accord, mais à la condition d’éditer un livret-CD, quelque chose qui raconterait notre histoire. Plus le temps a passé et plus le livret est devenu livre. On a pensé que cela pouvait intéresser du monde, peu de gens connaissaient notre histoire, finalement. Et on voulait parler de l’époque, du contexte musical du moment. Ce livre, c’est aussi une façon de tourner définitivement la page. Comme une postface. On a vécu un truc, on laisse une trace.

Qu’avait-elle de si intéressante, cette période ?
On a monté ce groupe de musique alors qu’on n’était pas vraiment musiciens, mais on avait envie de jouer ensemble. Nos parents étaient militants, syndiqués, communistes pour certains. Si t’avais envie de faire quelque chose, tu le faisais. On avait 18 ans, on avait beaucoup d’énergie à dépenser. Plein de choses à dire. Musicalement, au début, on savait jouer trois accords. Et les textes, écrits par Pascal et Chris, c’était plus du reportage que de la poésie. L’actualité nous faisait réagir.

Le CD reprend vos meilleurs morceaux ?
On a choisi en fonction de la qualité d’enregistrement, avec les morceaux live les plus exploitables. Et les plus emblématiques. On y a mis aussi deux morceaux du tout début, de nos balbutiements.

Le mouvement punk s’essoufflait. En quoi vous le revendiquiez ?
Le punk à l’époque, c’était d’un côté les Sex Pistols, de l’autre les Clash. Nous, on était Clash. On était des militants positifs, on n’était pas du tout dans le No future. On était quand même dans la provoc, on a fait des conneries en tournée, c’est vrai. Ça nous faisait marrer, comme des gamins, en fait. On n’arrivait sans doute pas à consumer sur scène toute l’énergie qu’on avait !

Nuclear Device s’est formé en 1982 et dissous en 1989. Comment a-t-il évolué en sept ans ?
Déjà, on a fait des progrès en tant que musiciens ! Il faut bien se remettre dans l’époque, avec nos morceaux. Si t’enlèves le contexte, ils n’étaient pas suffisamment bons. Notre objectif, c’était la scène. On était très bons sur scène : 50 % de musique, le reste d’énergie ! À la fin, on s’est retrouvé dans une espèce de contradiction. On pouvait professionnaliser notre démarche mais en même temps, ce n’était pas l’esprit du groupe. Ce n’était pas du « jemenfoutisme », on travaillait nos pochettes, nos décors, notre look. On faisait une vraie mise en scène, mais avec nos moyens.

Vous avez beaucoup tourné, en France et à l’étranger. Votre meilleur souvenir ?
Bourges avec 10 000 personnes, c’était impressionnant tout ce public ! Mais le meilleur, c’était peut-être Rome. C’était notre dernier concert, mais on ne le savait pas encore vraiment. Il y a eu aussi Nantes, on est passé derrière la Mano Negra : on s’est pris une sacrée claque ! Mais ça nous a bien motivés sur scène.

La presse locale parlait de vous comme de « gloires locales ». Et le public manceau ?
On était dans notre truc, pas super ouverts aux autres probablement. Du coup, ça a créé des jalousies. On ne passait pas notre temps à faire la fête, boire ou fumer. Si tu fais ça, t’es bon à rien. Nous, on avait des petits boulots et tous les week-ends, on répétait ou on partait en concert. On était tout le temps ensemble. C’était l’esprit famille. Nuclear Device s’est créé bien avant le groupe, on a formé une bande dès l’école primaire ! On a vécu des trucs hyper forts au moment où on se formait en tant qu’adultes.

À part des souvenirs, que reste-t-il du groupe aujourd’hui, chez chacun de vous ?
Christian : Le volontarisme, le faire soi-même que j’applique toujours dans mon travail. On a appris à être fort en groupe. Ce qui nous a permis ensuite d’être forts individuellement.
Chema : Le côté bagarreur, combattant, hargneux même.
Pascal : La rage qu’on avait à l’époque. Ce bouquin, c’est une volonté commune de faire quelque chose ensemble, trente ans après.

Recueilli par Florence Lambert